Une semaine plus tôt, Théo avait repéré une petite annonce dans le journal tandis qu'il était étendu comme toujours sur son lit blanc immaculé de sa chambre d'hôpital. Il avait réussit à dénicher, au milieu des petits caractères noirs alignés, deux petites phrases qui, malgré tout, lui donnait un petit espoir de sortir de ce centre médical qui pour lui était plus une prison qu'autre chose. C'était une recherche de colocataires, il avait dévisagé l'annonce une bonne minute. Le jeune homme avait poussé un petit grognement avant de se passer une main sur le visage. L'appartement proposé n'était pas très loin de l'hôpital, en tout cas il pouvait largement y passer tout les jours pour ses vérifications et sachant que le quartier n'était pas des plus pauvres, un ascenseur devait être présent dans l'immeuble. Théo avait donc décidé, avec l'accord quelque peu dubitatif du personnel médical. Son médecin lui avait recommandé de passer tout les jours, il lui avait aussi précisé qu'il aurait encore environs deux mois et demi à passer en fauteuil roulant, ce qui voulait dire qu'il ne pouvait pas encore rechercher du boulot. Il se décida à appeler pour annoncer qu'il passerait le mercredi en début d'après-midi, ainsi ses examens médicaux seraient déjà effectués et il aurait tout l'après-midi pour soit être accepté soit se faire rejeter sous prétexte qu'il n'était pas le profil de personne qu'on attendait. Généralement les gens étaient distants avec lui à cause de son ... fauteuil.

Donc, après avoir finit son assiette et avoir appelé une infirmière pour l'aider à se placer dans son fauteuil roulant, il était parti en direction de l'adresse indiquée sur le journal. Il détestait être en fauteuil, le regard des gens avait changé. Le médecin l'avait considéré trop faible pour marcher, ce qui était vrai. En attendant il devait se rendre chez le kinésithérapeute pour rééduquer ses jambes qui avait bien souffert pendant l'accident. Cela se voyait encore, il avait des cicatrices un peu partout sur les bras et les jambes, heureusement elles étaient légères et ne choquaient pas trop. L'étudiant approcha donc sa main de la porte et frappa quelques coups secs avant d'entendre une voix à l'intérieur puis le déclic caractéristique d'une poignée qu'on abaisse. « Bonjour. » dit-il avec une certaine froideur, essayant tout de même de paraître sympathique. « Hum, salut. » dit l'homme qui se trouvait devant lui avec un large sourire légèrement gêné. La gêne avait rarement été le sentiment qu'il donnait aux autres, généralement c'était plutôt l'hostilité qu'on lui servait. « Je t'en pries entre. T.. tu veux peut-être euuuh.. un coup de main ? » Théo secoua doucement la tête en souriant, amusé par la proposition de l'habitant. « Non, merci, c'est bon, je me débrouille. » ajouta-t-il avec un sourire plus prononcé à l'égard du propriétaire. Il posa ses mains sur les roues de son fauteuil et avança dans l'appartement comme on venait de l'y inviter. « Je m'appelle Théo, je suis là pour la recherche de colocataire. » fit-il en jetant des coups d'oeil discrets à la pièce.

Il roula encore un peu plus à l'intérieur de la pièce puis il effectua un demi-tour pour se retrouver face à son interlocuteur. Une présentation était d'usage, le jeune homme considéra que des renseignements détaillés aiderait l'homme à se décider s'il le prenait oui ou non. « Donc... je suppose que je dois me présenter ? » dit-il pensivement, puis, sans attendre la réponse de l'homme, il se lança dans l'énumération des informations qui le concernaient. « Je viens de Paris, j'ai vingt sept ans et je suis passionné par la photographie. Je suis arrivé il y a peu de temps à Monaco et suite à quelques problèmes je dois faire des allers retours à l'hôpital tout les matins pour mes vérifications médicales. Et si ça peut vous rassurer j'aurais le droit de sortir de ce fauteuil dans trois mois, en attendent je compte les jours désespérément. » il avait dit la dernière phrase concernant son handicap avec une certaine froideur, et il avait décidé de ne pas trop renseigner cet homme sur son accident pour l'instant, il n'avait pas envie qu'on le prenne pour un fou du volant qui ne respecte jamais les règles et qui se fourre dans les ennuis.