J'avais l'impression que le lieutnant Tornhill semblait vouloir se venger de ma petite mise en scène pour rentrer dans la police, quelques années auparavant. C'est à dire qu'il s'est retrouvé à presque manger le carrelage de salle d'attente du poste de police, un flingue braqué sur son crâne. Ok, j'y étais peut-être allée un peu fort. Mais je ne supporte les machos prétentieux qui pensent qu'une femme n'est pas capable de les battre. Regardez mon exemple, j'ai bien réussi. Pour finir, je me retrouvais avec divers dossiers sur les bras, qui me prenaient tout mon temps libre.

je devais assurer la protection de mon amie April et de sa fille qui avait failli être kidnappée par un dangereux psychopathe. Dangereux psychopathe qui s'avérait être celui qui cherchait à m'assassiner depuis que j'ai l'âge de quatorze ans. Celui qui a tué mes parents, celui enseigne bien tranquillement la littérature à l'université en attendant de pouvoir m'égorger dans un coin. En plus de ça ? Certainement un de ses complices est venu squatter la réception des Leroy, est parti en laissant une petite balle dans l'épaule de Maïssa, la co-directrice de Leroy's Agency. Bien. Super. « Mary, pouvez-vous me dire ce qu'est le spleen, selon Baudelaire ? » Levant la tête de la main sur laquelle elle était posée, je haussai un sourcil en direction de la prof. Ouais, je devais me faire passer pour une élève pour réussir à arrêter le fou furieux. Charmant. Retourner à l'école, c'est la cerise sur le gâteau. Je passai une main dans mes cheveux noir de jais, avant de répondre platement. « Baudelaire dit: "Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque." » La classe s'était tue pendant que je répétais la citation exact de l'auteur français. J'avais une mémoire incroyable pour tout ce qui était visuel. J'avais du lire ça dans un manuel il y a longtemps. « Le spleen est la quintessence de profonds sentiments de découragement, d'isolement, d'angoisse et d'ennui existentiels que le poète des Fleurs du Mal exprime dans plusieurs de ses poèmes. » Elle hocha la tête, les yeux grands comme des soucoupes. Je souris fièrement avant que la cloche ne sonne, rangeant mes affaires dans mon sac pour me retrouver dans le couloir bondé d'élèves.

J'allais rejoindre la classe d'anglais pour une nouvelle heure de réflexion sur ma vie quand je fus bousculée par quelqu'un d'autre. M'arrêtant d'un coup, je me retournai, pour tomber sur...Malone. Le drogué rebelle à qui j'ai sauvé je-ne-sais-combien de fois la vie. À qui je trouve de la beuh, du shit, des mélanges dans les poches pour les brûler une fois rentrée chez moi. Son regard océan était embué, vitreux. Il était complètement stone, en pleine journée. Mon dieu, ce gamin est irrécupérable. « Oh excuse moi l'ami, j'avais pas vu que je fonçais dans le mur.. » Je haussai un sourcil de nouveau, le bras croisés. Il allait passer un sale quart d'heure pour être tombé sur moi. « Tu sais ce qu'il te dit le mur ? » Je m'approchai de lui, murmurant à son oreille. « Que tu vas venir faire un petit tour avec moi, histoire qu'on discute. » Ce ton n'autorisait aucune réplique négative. Il était sifflant et glacial. Il allait prendre cher, le petit étudiant junkie.