Je déteste le rayon de soleil vicieux qui s'insinue entre les volets pour venir nous aveugler même quand nos yeux sont fermés. Maudite journée ensoleillée. M'étirant soigneusement dans la tiédeur confortable de mon lit douillet, je souris. Je vais pouvoir rester au chaud et me relaxer. Aucune sortie, aucun dossier, aucune patrouille. Rien. Simplement moi et...DRING. Je sursaute lorsque la sonnerie de mon portable résonne dans la pièce. Grognant, je l'attrape d'une main pour le mettre en haut-parleur. « Ouais, c'est pour quoi ? » Ma voix n'est absolument pas aimable. Et la cause est que l'on me dérange pendant mon jour de congé, bon dieu de m..ercredi. « Lieutenant Tornhill à l'appareil. Nous avons besoin de vous. » Je jure à voix haute et j'entend des rires à travers le combiné. Le salopard a aussi mis son téléphone pour que tous entendent ce que je dis. Très bien. « Je vais venir, mais écoutez moi. Dérangez-moi encore une fois pendant mon jour de congé et je vous castre devant tout les collègues, c'est bien clair ? Ca ne me dérange pas de vous refaire bouffer le carrelage comme la première fois que nous nous sommes rencontrés. » C'est à son tour d'étouffer un juron, tandis que les rires s'élèvent de nouveau. Je peux l'entendre hurler des obscénités à ses sous-frifres tandis que je souris maintenant gaiement. La journée commence mieux. « Agent Kepingski, vous allez bouger votre popotin de gothique prépubère aux bureaux du magazine de mode tenu par les soeurs Kavinsky, et les interroger. On soupçonne quelque chose de leur côté, il y a toujours eu une rivalité entre leur magazine et la Leroy Agency. Tout de suite ! » Me levant souplement, je pose le téléphone sur la table de nuit, rabattant la couette sur le côté. J'ai toujours su qu'il avait un regain contre moi depuis ce jour d'humiliation extrême pour sa personne. « La colère n'est pas bonne pour ce que vous avez, lieutenant, je connais un très bon- » Bip, bip, bip. Laissant échapper un éclat de rire, je me lève souplement. Direction la salle de bain.

Quelques minutes plus tard, j'étais enroulée dans une serviette éponge avec les cheveux égouttant encore sur le parquet en bois. Passant distraitement devant le miroir, je remarquai que les mèches que j'avais fait pour paraître encore plus étrange aux yeux du monde avaient disparu. Il faudra que j'aille en acheter de nouveau, ces colorations ne tiennent pas longtemps, mon dieu. Mes cheveux étaient de nouveau complètement noirs de jais, et raides comme des baguettes. Ce que j'avais toujours apprécié parce qu'ils sont plus faciles à coiffer dans cette situation, sauf qu'ils furent attachés en un simple chignon pendant que je passais dans ma chambre pour m'habiller. Un pull noir, dont les épaules étaient dévoilées par de la dentelle joliment cousue. Un jean bleu foncé et mes rangers noires dont les lacets n'étaient jamais fait. Mon arme fut rangée dans le holster d'épaule que je possédais. Mon insigne dans la poche de ma veste en cuir assortie à mes habits. Restait simplement à ce que je me mette quelque chose dans le ventre, parce que j'ai tendance à me sentir mal si je ne mange pas le matin. Descendant rapidement dans ma cuisine, je fais chauffer des pancakes que je surmonte d'une couche décente de pâte à tartiner aux noisettes. Miam. Je reste une fille avec sa gourmandise. J'avais détaché mes cheveux étaient retombés droit comme des "i" sur mes épaules, ma frange au niveau de mes sourcils noirs. J'étais prête pour ma journée, même si j'aurais préféré rester chez moi. La vie de flic, c'est pas facile tous les jours non plus.

Arrivant près de la porte du garage accolé à la maison, j'appuyai sur le bouton de la télécommande. Un bruit se fit entendre avec qu'elle ne s'ouvre, complètement automatisée. Mon bébé apparut devant mes yeux à chaque fois ébahis, noire et chrome. Elle brillait de mille feux, comme mes yeux à cet instant précis. Je ne pus m'empêcher de l'enfourcher, mettant mes documents dans mon sac. Merci les informaticiens de la police pour me faxer les dossiers aussi rapidement que l'éclair. Activant le contact, je reculai, sortant de la pièce fraîche et protégée pour me retrouver dehors. Le soleil était effectivement éclatant de luminosité, comme à son habitude. La porte se ferma toute seule pendant que je faisais vrombir le moteur pour l'allumer. Une fois totalement fermé, je démarrai et m'en allait à toute vitesse sur la route. Je devais me rendre au centre, au niveau des lieux administratifs. C'est là que se trouvait les bureaux du grand magazine de mode à Monaco. Personne ne pouvait affirmer ne pas connaître l'une ou l'autre des soeurs Kavinsky, du moins de nom, comme moi. Et plus je m'approchais de l'établissement, plus je sentais que n'étions pas sur la bonne piste. Les femmes ont beau pouvoir être ignobles entre elles, je ne pensais pas qu'elle puissent vouloir s'ôter la vie les unes les autres. Le commanditaire de l'incident de la réception des Leroy était un homme, je le sentais. Certainement un complice du psychopathe qui cherche à me tuer depuis que j'ai quatorze ans. Garant l'engin au parking, je déposai mon casque dessus. Je montai dans l'ascenseur qui me monta au niveau du secrétariat. La jeune fille qui se trouvait derrière le bureau semblait superficielle au plus haut point. « Vous avez pris un rendez-vous ? » Je haussai un sourcil, l'air de dire que je n'avais pas une tête à venir dans cet endroit. « Je ne peux pas vous laisser passer. Revenez plus tard ! » me dit-elle avec un sourire hypocrite avant de continuer à se limer les ongles. Je fis apparaître mon insigne dans ma main avant de la placer à quelques centimètres de son visage peinturluré. « Tu vois ce que c'est ça ? C'est une insigne qui me décrit comme faisant partie de la police. Alors tu vas me laisser gentillement aller parler avec les propriétaires de ces bureaux, c'est bien compris ? » Elle murmura des paroles inintelligibles devant mon regard presque transparent. Je fais toujours cet effet quand je me mets à parler froidement, vicieusement. J'aime utiliser cette peur que je donne pour avoir ce que je veux. On me cherche pas les noises comme ça. « On m'a fait demander à ce qu'il paraît ? » je me retourne, les sourcils haussés de nouveau. « Je peux savoir à qui ai-je l'honneur ? »

© charney